jeudi 29 décembre 2011

Hergé, l'antihéros Tintin

Dans cette nouvelle biographie consacrée au bédéiste belge (Hergé, portrait intime du père de Tintin, Éditions Robert Laffont), Benoît Mouchart et François Rivière ajoutent leur grain de sel à une histoire déjà racontée et nous éclaire sur quelques zones d'ombre.


Hergé, portrait intime du père de Tintin, de Benoît Mouchart et François Rivière. Éditions Robert Laffont, 243 pages.


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On y apprend notamment que la mère de Georges Remi, Élisabeth, souffrait de graves problèmes mentaux et qu'elle est morte dans un hôpital psychiatrique en 1946, après une longue et terrible descente aux enfers de la paranoïa.

Si d'autres ont déjà évoqué timidement ce secret hergéen, les deux auteurs osent croire qu'ils sont les premiers à souligner clairement son influence sur les aventures de Tintin. De fait, même Tintin chez le psychanalyste, paru en 1984, était passé à côté du sujet.
 évoqué timidement ce secret hergéen, les deux auteurs osent croire qu'ils sont les premiers à souligner clairement son influence sur les aventures de Tintin. De fait, même Tintin chez le psychanalyste, paru en 1984, était passé à côté du sujet.
«Plus qu'un souci, sa mère était pour lui quelque chose de menaçant, explique François Rivière, joint en France. Or, on retrouve des traces de cette crainte dans toute son oeuvre, que ce soit Les 7 boules de cristal, Les cigares du pharaon ou Le Lotus bleu, où la folie est très présente. Il faisait rire de ça, mais c'était aussi, pour lui, un ressort dramatique.»

François Rivière va plus loin. Selon lui, c'est carrément ce spectre familial qui a poussé le jeune Georges Remi à se réfugier dans le dessin, créant une vocation qui n'aurait peut-être pas vu le jour autrement. «Ce malaise a fait que, très tôt, il a fui dans l'imaginaire de son monde graphique, explique-t-il. Ça l'a précipité sur ce qui serait sa façon de s'affirmer.»

Heil Hergé!


Loin d'être complaisant, ce «portrait intime» revient en outre sur la «collaboration» d'Hergé pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cet épisode-là est déjà plus connu. Mais il est ici clairement mis à plat, ce qui permet, une fois pour toutes, de bien comprendre les motivations du créateur.

Or, le constat est implacable: sans être pro-Hitler, ni même antisémite, Hergé était plutôt sympathique à cette idée d'ordre nouveau mise de l'avant par les nazis. C'est en toute connaissance de cause qu'il a prêté sa plume au Soir, un journal belge ouvertement pro-Allemagne. «Ce n'était pas un idéologue, il n'a jamais adhéré à un parti. Mais il était de droite. Et il savait que grâce à la guerre, il pourrait monter en puissance comme artiste», résume François Rivière.

Curieusement, ces choix douteux n'ont pas affecté son succès. Absous après la guerre, Hergé ne sera jamais inquiété, ni même mis en face de ce passé incriminant. Ce n'est qu'après sa mort, en 1983, que les squelettes sortiront vraiment du placard.

L'auteur, qui a souvent rencontré Hergé dans les années 70, se souvient d'un être plutôt drôle et moqueur. Mais il convient, avec le recul, que l'homme était moins attachant que son célèbre personnage. Égoïste, misanthrope, calculateur, sa plus grande qualité aura été, au final, de mener sa carrière d'une main de maître.

Hergé, portrait intime du père de Tintin, de Benoît Mouchart et François Rivière. Éditions Robert Laffont, 243 pages.
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